Abysses

Sur la plage, il y a un père et son fils. Taiseux tous les deux. Une relation effilochée, affectée par la fragilité de la vie et les douleurs intimes. En mer, l’Histoire se déroule sous leurs yeux. Celle des migrant·es en quête d’un avenir meilleur, que les pêcheurs remontent chaque jour dans leurs filets. Il y a les corps sans nom, les viols, la morsure du sel. Il y a ce plongeur italien qui renonce à ses préjugés pour porter secours aux êtres engloutis par les vagues, ce gardien de cimetière qui fleurit les tombes de jeunes filles inconnues. Pas grand-chose d’héroïque. Des petits riens qui font la vie. Dans le dénuement d’un plateau magistralement habité par l’acteur Solal Bouloudnine et par la voix cristalline de la musicienne Claire Vailler, « Abysses » évoque la tragédie migratoire, avec ses rencontres, ses fidélités, ses urgences, là où le privé et l’universel se mêlent pour tresser la complexité de l’expérience humaine. Un spectacle fin et poignant, entre évocation crépusculaire et espoir en ce qui nous unit, malgré tout.

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